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La peinture à huile… Comment l’utiliser ? On ne parle presque jamais de cette technique sur le blog amylee.fr.

Peignant exclusivement à la peinture acrylique, je préfère laisser le clavier à une artiste qui la pratique régulièrement. Grâce à l’article “Artistes vous avez la Parole!”, je confie aujourd’hui une page de mon blog à Alice Adenis. Pour notre plus grand plaisir, Alice va nous décrypter la peinture à l’huile.


Les bases de la peinture à l’huile

Le grand avantage de la peinture à l’huile (qui est aussi son plus gros inconvénient) c’est son temps de séchage. La peinture à l’huile sèche lentement, elle permet de travailler les couleurs plus longtemps et de faire de beaux dégradés.

Le Matériel à l’atelier

Le matériel de base pour faire de la peinture à l’huile est le suivant :

  • Des tubes de peinture
  • Un diluant (comme la térébenthine)
  • Un médium (huile de lin, huile d’œillette, médium à séchage rapide…)
  • Des pinceaux
  • Des petits bocaux refermables
  • Des chiffons
  • Une palette (du papier entoilé suffit)
  • Une toile ou du papier entoilé

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Bien sûr, il s’agit de mes préférences. Il existe beaucoup de médiums différents selon l’utilisation qu’on veut en faire (séchage lent ou rapide, peinture au couteau…).


Un peu de science et des couleurs

En peinture à l’huile, il faut toujours respecter la règle du « Gras sur maigre », le « gras » étant une peinture qui contient plus d’huile. Plus on met d’huile dans la peinture, plus elle met du temps pour sécher.

La peinture à l’huile ne sèche pas, elle siccative. C’est-à-dire qu’une réaction chimique a lieu entre le médium et l’air. Lorsqu’une couche de peinture semble sèche au toucher, cela ne signifie pas que la réaction chimique est terminée. Si on passe une deuxième couche qui contient autant ou moins d’huile que la première, cette deuxième couche va sécher plus rapidement. Quand la couche inférieure séchera finalement, elle va tirer sur la couche supérieure et la craqueler.

Vous n’avez peut-être jamais constaté ce phénomène malgré plusieurs années de pratique. En fait, il peut mettre plusieurs dizaines d’années pour apparaître. C’est aussi pour ça qu’il vaut mieux attendre une année entière avant de vernir une toile.


La pratique

Chaque artiste a son propre mode de fonctionnement. Ce que je présente ici est ma méthode et n’a pas de valeur universelle.

  • Je commence par un brouillon léger au crayon de papier.
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J’ai fait un bonhomme.

Pour préparer du médium, je mélange dans un bocal une certaine quantité de térébenthine avec la même quantité d’huile. Pour peindre, je prélève un peu de médium et je le mélange à la peinture. Je referme le bocal à chaque fois pour ne pas avoir à respirer les vapeurs.

Le médium a deux buts : maîtriser la quantité de « gras » dans la peinture et obtenir une texture agréable à peindre.

  • La peinture met entre deux jours et une semaine pour sécher. L’huile d’œillette a un séchage plus lent que l’huile de lin, et il existe des médiums à séchage rapide.
  • Pour passer la couche suivante, je rajoute un peu d’huile dans le bocal (pour augmenter la quantité de gras).
  • Pendant que je peins, je nettoie mes pinceaux superficiellement avec un chiffon. Mais je prend toujours le temps de bien les nettoyer avec du diluant quand j’ai fini, et j’enlève les résidus avec de l’eau et du savon
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Peinture d’Alice Adenis – 2015

La mise en couleur

Maintenant, je vais aborder le sujet qui me tient le plus à cœur : les couleurs. Lorsqu’on mélange deux couleurs, on a parfois de mauvaises surprises sur le résultat. La couleur est terne, ou n’est pas celle qu’on attendait. Pourtant, le fonctionnement des couleurs est très simple.

Les couleurs contiennent des pigments et un liant. Ce sont les pigments qui font la couleur de la peinture.


Encore un peu de science

La lumière blanche contient les couleurs de l’arc-en-ciel. Un pigment va absorber certaines de ces couleurs et renvoyer le reste vers notre œil.

Quand on mélange deux couleurs, les pigments continuent d’absorber la même « quantité » de couleur, et elle peut être moins intense que ce qu’on attendrait.

Prenons l’exemple du orange:

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Lorsqu’on mélange le rouge sombre avec le jaune citron, malgré le fait que les deux couleurs soient éclatantes au départ, la couleur obtenue parait fade. En prenant le rouge et le jaune orangés, le résultat est meilleur, mais toujours moins bon que le pigment pur orange. En fait, plus on mélange des pigments différent, plus la couleur est terne.

Un petit close-up pour mieux voir :

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BON A SAVOIR : Cette explication est très grossière, mais rentrer dans les détails serait beaucoup trop long pour cet article. Pour plus de renseignement, je vous propose de lire l’excellent livre « La couleur expliqué au artistes » de Roelofs et Petillion.


Le Choix des pigments

Il y a une théorie qui dit qu’avec trois couleurs primaires, du noir et du blanc, on peut faire toutes les couleurs qu’on veut. Je n’ai personnellement jamais réussi à obtenir du rose fushia à partir des couleurs primaires. Donc pour avoir de belles couleurs, il faut les acheter une par une.

Pour savoir quels pigments sont contenu dans un tube de peinture, il faut chercher un code sous la forme P (pour pigment), une lettre pour la couleur (en anglais) et un numéro (« PB66 » = Pigment Blue n°66).

Pour chaque tube, on peut trouver le pouvoir colorant, l’opacité et la permanence (certaines couleurs finissent par s’affadir). La peinture « extra-fine » a normalement un meilleur pouvoir couvrant, elle est de meilleure qualité mais est aussi beaucoup plus chère.

Voilà un exemple de palette basique : blanc de Titane (PW6) – rouge de cadmium (PR108) – rouge quinacridone (PR192) – jaune cadmium clair (PY35) – jaune cadmium (PY37) – bleu outremer (PB29) – bleu de phtalocyanine (PB15) – terre d’ombre naturelle (Pbr7) – terre d’ombre brûlée (Pbr7) – vert émeraude (PG18) – Violet dioxazine (PV23) – Noir d’ivoire (PBk9)


Comment savoir la couleur à obtenir ?

Pour être sûr d’obtenir une certaine couleur, il suffit de fabriquer une table ou chaque couleur est croisée avec les autres. Ensuite il suffit de regarder cette table pour savoir comment obtenir cette couleur.

Voilà la mienne, avec un dégradé vers le blanc. C’est assez long à faire, mais c’est du temps gagné sur la recherche de couleur pendant la séance de peinture.

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BON A SAVOIR : En abscisse et en ordonnée, j’ai mis les noms de chacune de mes couleurs et à l’intersection, le mélange entre les deux, avec une plus grande quantité de la couleur en colonne. Chaque colonne correspond donc à la couleur prédominante et on trouve les couleurs pures dans la diagonale.


Le Dernier conseil avant de finir

La peinture à l’huile est corrosive. Les pigments contiennent des oxydes de métaux lourd. Et les médiums sont eux aussi toxiques. Il faut éviter de trop les respirer, d’ouvrir les tubes avec les dents et il faut se laver correctement les mains à la fin.

Voilà ! J’espère que cet article sera utile et qu’il permettra à plein de monde de profiter de cette matière merveilleuse qu’est la peinture à l’huile. Je suis disponible s’il y a la moindre question.

⭐ ⭐ ⭐ ⭐ ⭐

“Comment utiliser la peinture à huile et ses couleurs” – Texte rédigé en septembre 2015 par Alice Adenis.


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Peinture d’Alice Adenis – 2015

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11 commentaires

  1. @Isabelle : Bonjour Isabelle, L’article date de 2015 et Alice qui avait rédigé l’article à l’époque n’a même plus son blog accessible. J’aurais pu vous renvoyer à l’article d’origine sur son blog mais malheureusement, je ne trouve plus rien ligne…

  2. Bonjour
    Je m’excuse mais pour le tableau des couleurs on ne voit pas le nom des couleurs du coup on a dû mal à comprendre le tableau svp auriez vous plus de détails pour le comprendre merci d’avance c’est très intéressant

  3. Bonjour à tous !

    La table de couleurs est un moyen précieux pour visualiser la couleur exacte de chaque mélange et son effet une fois sec sur la toile.

    Pour construire cette table, j’ai mélangé chacune des couleurs avec une des autres, les unes après les autres. Par exemple, sur la première ligne, on trouve les mélanges effectués à partir du jaune de cadmium. Il me semble que j’ai respecté les proportions 1/3 – 2/3 (le résultat contient 1/3 de la couleur en ligne et 2/3 de la couleur en colonne). J’ai aussi fait un dégradé vers le blanc pour voir comment la couleur changeait lorsqu’on augmente la quantité de blanc.

    J’espère avoir un peu éclairci les choses en ce qui concerne cette table.
    A bientôt !
    Alice

  4. @à tous : merci pour tous vos petits messages et commentaires. Merci à Alice pour son intervention.
    @Josée G et Del Percio: Cet article a été rédigé par Alice qui est plus spécialiste que moi sur la peinture à l’huile. Je la laisse vous répondre.

  5. Bonjour, merci pour votre article. Moi aussi je n’ai pas compris comment proceder pour la table de couleur? Je suis intrigué. Bav

  6. Bonjour. Tous les conseils m’intéressent en peinture à l’huile et vos conseils sont très précieux pour moi! par contre dans la rubrique n°3: comment savoir quelle couleur je vais obtenir?, je n’ai pas bien compris le fonctionnement de votre table!!!! pouvez vous m’expliquer svp? merci

  7. Merci encore je commence a tomber sous le charmes de vos idees concernant la peinture vous m’inspirez beaucoup.
    Merci je crois que je vais commencer et ca cest grace a vous merci Amylee

  8. J’aime bien l’idée de la table de couleur ! Je tenterai :).
    Par contre, je trouve l’affirmation “[…] pour avoir de belles couleurs, il faut les acheter une par une”.

    Selon leur composition en pigments, les couleurs sont plus ou moins miscibles entre elles. On peut avoir des couleurs plaisantes au sortir du tube, qui une fois mélangées donneront exactement le rendu que l’on souhaitait… pendant une faible durée.
    Par exemple : les cadmiums, ce sont de sulfures. Si on les mélange à des pigments fragiles, on risque une altération des couleurs au cours du temps. Les cobalts sont stables en mélange. Et ainsi de suite.
    Tout cela pour dire qu’il doit y avoir dans une gamme de couleur les 2 indications de permanence : celle de la couleur pure et celle de la couleur en mélange.
    Bon, après, on peut prendre des risques pour innover :).

  9. Bonjour Amylee, merci pour ce récapitulatif 🙂 Je suis artisan peintre en bâtiment et je commence à m’intéresser à la peinture artistique, votre article m’a pas mal aidé à comprendre l’utilisation de la peinture à l’huile ^^ Merci beaucoup et bonne continuation !

  10. Aaaaaaah, la peinture à l’huile! Technique particulière et qui prend du temps, mais le charme de la patience, les effets qu’on ne peut obtenir autrement, les glacis minutieux, l’odeur envoûtante … Perso je l’utilise beaucoup dans mes tableaux “abstraits” symbolisant la relation de couple.

    Huile ou acrylique permettent l’une comme l’autre de faire de belles toiles, mais je compare souvent une belle toile à l’huile à un beau meuble en bois ancien, alors qu’une belle toile à l’acrylique me fait plutôt penser à un beau meuble contemporain en verre et métal.

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