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Une cliente à moi, d’avant Aartemis, m’a appelé hier me demandant si je faisais toujours des portraits sur commande. Je vais vous avouer quelque chose: je déteste les commandes.

J’ai eu majoritairement des expériences négatives qui – malgré tout – m’ont servi de belles leçons professionnelles. Mais j’ai horreur de ça et j’essaie de les éviter par tous les moyens.

Pourtant, beaucoup d’artistes vivent de commandes et en reçoivent beaucoup. Pour ma part, cela génère une source telle d’angoisse que je les refuse la majorité du temps ou je borne très précisément la commande pour me protéger au maximum.
J’ai envie, du coup, dans cet article de parler des choses qui m’ont déplu, blessé, dégouté mais surtout des leçons que j’en ai tiré.

Attention, tous les artistes n’ont pas des expériences négatives de commandes et j’ai une tendance à être parfois mélodramatique.

Néanmoins, mes mésaventures m’ont permis de me professionnaliser fortement et d’être très carrée dans mes contrats de commande (quand j’en fais) et comme j’aime partager…

Voici les grands enseignements empiriques de Marlène.


1. Un contrat détaillé et carré tu feras (encore plus si c’est des copains)

Quand on se lance dans la vie d’artiste, on est fougueux, enthousiaste et, comme les enfants, dès que nous avons un peu d’attention, on s’emballe et on a tendance à être très cool sur les termes d’un contrat – si contrat il y a.

Félicitations, c’est le meilleur moyen de ne pas être payé en totalité ou de ne pas être payé tout court ou de devoir refaire le tableau indéfiniment. Les deux derniers ne me sont pas arrivés personnellement mais le premier, oui.

Dans les termes d’un contrat, il faut TOUT détailler: les conditions de paiement, le contenu du tableau (le fond et la forme), noter exactement la demande du commanditaire (car beaucoup sont des girouettes) et évidemment, respecter ce que vous avez vous-même écrit dans le contrat.

Je me permets d’insister sur ce point: si vous annoncez que vous ne ferez que trois aller-retours correctifs (si vous faites ce genre de chose) et qu’au-delà, le prix augmentera de tant, appliquez-le. Pour un faire-part, je me suis retrouvée à en faire beaucoup plus que ce qui était annoncé parce que je n’osais pas rappeler ce que j’avais moi-même exigé dans le contrat.


2. Parler d’argent tout de suite tu feras

Il est toujours difficile de parler d’argent de manière générale (allez écouter L’art et l’argent de l’Aartemission pour aller plus loin) , encore plus quand on démarre. Lors des commandes, on n’ose pas mettre un prix sur ce qu’on nous demande et beaucoup auront tendance à baisser spontanément le prix de peur de passer à côté d’une opportunité. Et bien, je vais vous dire quelque chose de très clair: s’il faut passer à côté d’une opportunité pour se sentir respecté.e dans son travail, faites-le.

Vous vous voyez travailler des heures et des heures sur un tableau ou un dessin pour une somme extrêmement basse ?

Je l’ai fait une fois et je peux vous assurer que c’est décourageant, déprimant et on se sent presque “sale” quand notre œuvre est terminée. Je vous l’avais dit, je suis un peu mélodramatique. Je garde maintenant toujours une phrase en tête quand on me demande un prix pour une œuvre: mes prix sont basés sur mon talent, pas sur votre budget .

C’est trop cher ? C’est possible de payer en plusieurs fois.

Toujours trop cher ? On peut faire un format plus petit.

Ça ne va pas ?

Et bien trouvez un artiste qui entre dans votre budget.

Dire non à une commande qui ne vous va pas, c’est ok.

Les artistes ne travaillent pas pour la gloire ou pour satisfaire Jeannette ou Jean-Denis qui ont décrété qu’un tableau de 80x80cm ne devrait pas valoir plus de 150 euros (LOL).


3. Tu enverras le tableau quand payé.e tu seras

Je ne commence jamais un tableau tant que je n’ai pas un pourcentage précis du montant total sur mon compte en banque. Et je ne l’envoie pas tant que la totalité est réglée. Je connais des artistes (dont moi) qui “parce que le commanditaire est sympathique” ont envoyé leur tableau sans que tout soit payé. Pas de bol, ils attendent encore aujourd’hui le reste du paiement. C’est une erreur classique qui est arrivée aux meilleurs d’entre nous. Je peux vous dire que cela reste au travers de la gorge un moment.

Épargnez-vous ce genre d’expérience si désagréable.

Ces mésaventures sont, à mon sens, les meilleures leçons qui pouvaient m’arriver. Il n’y a rien de mieux que la connaissance empirique. L’expérience nous forge, nous endurcit certainement mais nous rend plus prudent et alerte face à des propositions parfois étranges ou gonflées.

Je n’ai plus peur de dire non aujourd’hui quand je ne le sens pas. Je fais des contrats de commande tellement carrés qu’ils font presque peur à ma co-créatrice. Je n’accepte plus de travailler pour une misère et surtout, je ne me fais plus avoir par mon empathie ou la sympathie que je peux avoir pour le commanditaire.

Je ne travaille plus gratuitement même pour mes ami.e.s – sauf quand je décide de leur offrir un cadeau personnalisé – et vous savez quoi ?

Ces barrières de protection que je me suis créées sont les meilleures choses que je pouvais faire professionnellement. Mais mes barrières ne vous correspondront peut-être pas et mon expérience ne sera peut-être jamais la vôtre. En revanche, vraiment, le petit contrat un peu chiant et désagréable à faire sera toujours votre meilleur allié.

Protégez-vous.


A propos de l’autrice de cet article

Marlène Diard est artiste plasticienne, elle fait partie du Duo artistique Aartemis. Fascinée par l’humain sous toutes ses coutures, elle met à nu le corps, le portrait et l’abstrait. L’émotion vécue par le modèle ou par l’artiste se doit de transparaitre à chaque instant, par la matière, la couleur, le coup de crayon. Anthropologue de formation, l’Homme a toujours été au coeur des préoccupations et des questionnements de Marlène. L’expression, la matière et la dualité permanente de l’être humain sont au coeur de sa recherche artistique.

Aartemis est composé de Marlène et Héloïse, deux femmes qui travaillent leurs oeuvres à quatre mains. Les tableaux d’Aartemis invoquent une véritable essence du féminin et s’inspirent des émotions engendrées par le corps et la matière.

 A suivre sur                           

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