page blanche syndrome artiste
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Je ne vais pas vous mentir. J’ai repoussé et repoussé l’écriture de cet article.

Je me suis laissée envahir par un mélange de procrastination et un peu du syndrome de la page blanche.

La procrastination étant presque une seconde nature chez moi – car j’adore travailler sous pression – j’ai les clés pour m’en débarrasser assez facilement quand il est temps de se bouger. En revanche, le syndrome de la page blanche est un compagnon qui va et qui vient et dont je n’ai trouvé que très récemment quelques clés pour lui dire de prendre ses clics et ses clacs et se tirer loin, très loin, et de ne pas revenir s’il vous plaît.

Je me suis donc dit que partager ces clés ne seraient pas de trop, sachant que les lecteurs et lectrices d’amylee.fr pouvaient y être confrontré.es de part leur statut d’artiste.

Mais d’abord, qu’est-ce que c’est que le syndrome de la page blanche ?


C’est quoi le syndrome de la page blanche ?

On va se la raconter un peu d’abord et utiliser le terme savant: la leucosélophobie. Quand on tripatouille ce mot, il veut littéralement dire : blanc, page et peur. Tout un programme.

Cette angoisse de la toile blanche, dans notre cas, est un sacré handicap quand il noustombe dessus, toujours inattendu et surtout, ravageur. Quand nous nous jetons corps et âme dans notre création artistique, nous avons le désir de faire au mieux, de créer quelque chose qui tend au plus près de notre vision de la perfection.

Au fond de notre lit, nous nous prenons parfois à rêver à l’entreprise, le tableau, le livre, la musique que nous pourrions créer et qui s’approcherait le plus d’un idéal. Et puis la réalité donne un gros coup de pied dans la porte en criant très fort “Coucou c’est moi” et nos espoirs et nos attentes nous paraissent inatteignables. Car oui, nous avons tendance à mettre la barre très haute. C’est une preuve d’exigence envers soi mais cela crée un environnement créateur pétri de pression et d’anxiété.

J’aime à imaginer que les angoisses et les peurs qui me traversent ont une forme humaine et portent un nom (ce qui est bien pratique quand on écrit un article car répéter à outrance syndrome de la page blanche va être fatiguant pour vous et pour moi).

Appelons-le Edouard alors.

Edouard se pointe généralement toujours quand une idée que l’on estime trop grosse pour soi émerge dans nos cerveaux. Cette idée est souvent liée soit à quelque chose de profondément intime soit en réponse à une demande ou commande.

Et si nous nous étions surestimé.es ?

Et si nos compétences étaient limitées ?

Et si nous n’y arrivons pas ?

Oui, parce qu’Edouard est très copain avec Ségolène, sa copine qui a une crise de légitimité permanente. Quand il débarque, généralement elle est collée à lui. Alors, que faire pour leur dire de retourner de là où ils viennent ?


L’action, l’action, l’action, l’action

Même si, d’un coup, cette chose si naturelle qu’est de prendre un crayon vous terrifie, prenez le quand même. Au pire, que se passera-t-il ? Une croûte ? Un truc raté ? Et alors ?

Personne n’a à le voir. Prenez ce croquis, ce démarrage comme un entraînement, une réflexion autour de ce qui va aboutir un jour. Et si vous estimez votre création nulle, ne la jetez pas, mettez-la de côté. De belles surprises pourraient en découler plus tard…


S’inspirer

Le manque d’inspiration peut être aussi lié à un environnement où il ne se passe pas grand chose (hello 2021). Mais le grand et magique internet regorge de sites où on peut nourrir son intellect et son imaginaire. Lire un livre, regarder un classique du cinéma, découvrir de nouvelles oeuvres d’art ou d’autres artistes sont des solutions pour redémarrer la créativité en berne.


Exploiter tout ce qui vous vient à l’esprit

Notez tout. Les fulgurances, une phrase entendue, un mot qui vous interpelle. Partez d’une couleur ou d’une forme qui vous inspire. Tentez de nouvelles choses, sans objectif précis derrière: une nouvelle technique, un nouveau sujet.


Trouvez son sujet refuge

Le mien est l’autoportrait. Il me permet de faire un point sur mes états d’âme et les émotions qui m’habitent. C’est quelque chose de rassurant et de maîtrisé pour moi, et lorsque mes blocages sont trop importants et bien, je me transforme en tableau. Ma maîtrise de l’autoportrait me permet de divaguer et de tenter de nouvelles choses sans prendre trop de risques. J’en ai toujours tiré que du positif et mon inspiration est systématiquement revenue au galop.

Et vous ? Quel sera votre sujet de refuge ?

Un paysage ?

Un portrait ?

De l’abstrait ?

Face à toutes ses solutions, Edouard risque bien de prendre peur et de se tirer. Mais prenez garde, il n’est jamais très loin. Avoir le syndrome de la page blanche signifie déjà que l’on est au coeur du processus créatif. Félicitations, vous êtes un artiste.



Article par Marlène Diard

Artiste plasticienne, Marlène fait partie du Duo artistique Aartemis composé de Marlène et d’Héloïse, deux femmes oeuvrant à quatre mains.

Fascinée par l’humain sous toutes ses coutures, Marlène met à nu le corps, le portrait et l’abstrait. Anthropologue de formation, l’expression, la matière, la couleur et la dualité permanente de l’être humain sont au coeur de sa recherche artistique. Les tableaux d’Aartemis invoquent une véritable essence du féminin et s’inspirent des émotions engendrées par le corps et la matière. Autrice pour Amylee.fr, Marlène nous livre ses pensées d’artiste tous les mois.                    

 

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2 commentaires

  1. C’est un peu comme la procrastination, le plus dur c’est de commencer. Fermer les yeux et mettre un coup de pinceau… Et hop c’est parti, elle n’est plus blanche

  2. Effectivement Edouard apparait parfois et les minutes passent en restant devant la toile vierge n’osant commencer ne serait-ce qu’un trait. Mais en crayonnant ou simplement en sortant les couleurs et les pinceaux l’action appelle l’action. Ecouter de la musique permet aussi de se détendre face à la toile et de faire émerger des images.

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